dimanche 22 novembre 2009

Psychose - Psychoses


La psychose (on devrait parler de psychoses, au pluriel) est un trouble mental qui se définit par la perte de contact avec la réalité. C’est la grande différence d'avec les névroses. Une personne atteinte de névrose (ne le sommes-nous pas tous un peu ?) garde la notion du réel : quelqu’un peut souffrir d’une phobie des souris, et savoir que les souris ne vont pas le manger pour autant. Il reste critique par rapport à son symptôme.

Une personne atteinte de psychose, au contraire, n’est pas consciente de ses symptômes : elle les considère comme faisant partie de la réalité. Si elle souffre d’un délire paranoïaque, par exemple, elle va se sentir réellement menacée, dans sa vie même, par les autres et par son environnement, au point de suspecter jusqu’aux fils électriques, parfois.

Pour mieux comprendre

Si l’on ne connaît pas les causes exactes des psychoses, on sait qu’elles sont liées à l’histoire personnelle du malade. Une histoire qui remonte toujours à la petite enfance. Comme si, à un certain moment de son développement, l’enfant avait « raté une étape ».

Au moment de la naissance, le bébé n’a pas encore d’existence psychique. C’est le regard de ses parents qui le font exister. C’est dans ce regard qu’il développe sa personnalité. Avant quatre mois, le bébé sourit à sa mère parce qu’elle même sourit : par mimétisme. Par réflexe conditionné, aussi : il sait que la mère, c’est la nourriture. Puis, il y a la phase de l’angoisse du huitième mois : il commence à se différencier du monde extérieur et de sa mère. À dix-huit mois, il atteint sa « majorité » : c’est le stade du non et du début de la vie sociale.

Les enfants qui ne parviennent pas à s’approprier leur propre image, à ces différents stades, peuvent développer une psychose infantile. Ils n’ont pas de représentation, d’image d’eux mêmes. Si la psychose ne se développe pas à ce moment-là, parce que l’entourage est suffisamment présent pour protéger le jeune, il peut arriver, à l’âge adulte que, au détour d’un stress, d’un deuil, d’un traumatisme, la personnalité fragilisée, craque. Et c’est l’entrée dans la psychose. Le délire est alors une forme de symptôme, qui permet au malade de « dire » sa réalité, sa vérité. Le travail de thérapie consistera à rétablir un lien social, malgré ce délire. Il est de très bons botanistes, persuadés d’être eux-mêmes une plante !


Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant-expert : Docteur Youssef Mourtada, pédopsychiatre.